What Terry did next [PV]

Une chanson trottait dans la tête du jeune homme. Le genre de mélodie qui vous tourmentait pendant des heures sans que vous sachiez pourtant pourquoi ni comment elle avait réussi à rester coincée là, alors que vous étiez pourtant incapable de vous souvenir de chose plus important. Comme dans quelle salle vous avez cours, par exemple…
Aucune idée. Bon, de toutes manières, il s’agissait de phonétique. Le cours le plus barbant du monde…

Ok, on y va pas, donc. Décision de dernière minute, tendit qu’il se tenait debout dans le couloirs, les élèves passant à coté de lui aussi rapidement que si leur vie en dépendait; l’indifférence générale, quelle délicieuse qualité du genre humain, non?
Il avait donc une heure à tirer jusqu’à l’heure du déjeuner.

Que faire? Aller à la bibliothèque? Aucun intérêt. Son livre du jour était là, bien callé dans son sac, entre un devoir de l’option d’algèbre à rendre et un livre de littérature anglaise. Super…

Non, au lieu de ça, son chemin croisa le panneau menant au gymnase. Heu… Terry Norman? Sportif? Pas vraiment. Ok, il avait fait de l’aviron dans un lycée au sud de la Norvège il y avait deux ans de cela, et avait fait partie de l’équipe de natation de Seattle l’année précédente, mais… Sérieusement, ça n’était pas son truc. Soyons sérieux, avec le nombre de cigarettes qu’il s’enfilait chaque jour, pensez vous vraiment que son organisme puisse supporter des heures d’entraînement sportif acharné? Si c’est le cas, ce sentiment n’est pas vraiment partagé par notre protagoniste.

Voyons à présent pourquoi ses pas le menèrent dans le gymnase : tout d’abord, parce qu’en cette heure de la matinée, il n’y avait personne dans les lieux, contrairement à tous le reste du ~~monde~~ complexe scolaire. C’est donc là qu’il choisi de s’installer pour les deux heures à venir, camouflé entre une poutre et un cheval d’arçon, le nez plongé dans son Shakespeare préféré.

Dans 5min la blondinette est censée assister à son cours de mathématiques, mais à quoi bon bossé dans les matières scientifiques alors que plus tard elle veut travailler dans les langues ?! Oh et puis après tout, autant sécher un cours qui ne nous servira à rien, et puis, elle en a tellement séché que le professeur ne doit même pas savoir qu’elle existe.
Alors, que va-t-elle faire pendant 1 heure afin de tuer le temps ? Un p’tit tour sur la plage ? Non, à peine sera-t-elle arrivée qu’elle devra aussi tôt repartir. Une escapade à la bibliothèque ? Elle commence à connaître les rayons par cœur… Bon et bien, autant aller se recueillir au complexe sportif, ne sait-on jamais, peut-être s’y passera t-il quelque chose d’intéressant en cette fin de matinée. Elle se faisait bousculée de-ci de-là par tous ces étudiants pressés d’aller participer à des cours tous plus ennuyeux les uns que les autres. A quoi bon bosser quand la vie ne vaut rien ? Tout est question d’argent, alors est-ce vraiment nécessaire de chercher à se forger un avenir, alors que de nos jours il est quasi impossible de s’intégrer dans cette société au pouvoir d’achat qui augmente de jours en jours ? Regardez… c’est fou comme dans cette Fac on distingue bien les classes sociales. Il y a les riches d’un côté, et les gens aux revenus modérés de l’autre. Interdiction de se mélanger, il se pourrait bien que l’un profite de l’autre ! Pour Ellinor cette société dans laquelle évoluait l’exaspérait, rien à dire de plus, à part que son pessimiste la ronge petit morceau par petit morceau.

La jeune fille se faufila entre toute cette populasse amassée devant les portes des salles, ou flirtant devant leurs casiers, jusqu’à émerger devant le gymnase. Elle fit une grimace du genre : « je m’en suis bien sortie », et analysa le gymnase d’un seul coup d’œil. Personne en vue, et bien c’est partie pour une heure à roupiller ! Elle s’installa comme à son habitude contre le poteau d’un des paniers de basket, et sortit de son sac son iPod ainsi qu’un libre. Un roman policier anglais, qu’elle pris soin d’ouvrir à la page à laquelle elle s’était arrêtée le matin même. Petit à petit elle se sentait apaisée, soulagée d’un poids qui lui pesait sur les épaules depuis quelques temps. La solitude lui manquait atrocement, et le fait d’enfin pouvoir souffler quelques minutes sans que quelqu’un soit derrière elle pour la rappeler à l’ordre la fit sourire de contentement. Petit à petit elle s’enfonça de plus en plus dans son bouquin, un bouquin qu’elle commençait à connaître par cœur. Elle n’avait pas une bibliométrique bien remplie, mais quelques livres lui suffisaient pour s’évader dans son petit monde.
Dans ses écouteurs résonnait une douce musique de Regina Spektor, une artiste qu’elle admirait depuis toujours. On pouvait l’entendre marmonner quelques paroles de temps à autres, n’ayant pas peur du ridicule. Et pourtant, étrangement elle avait l’impression de ne pas être seule. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle mais ne vit personne, elle fit une petite grimace et se replongea dans sa lecture.

«Pour leurrer le monde, ressemble au monde ; ressemble à l'innocente fleur, mais sois le serpent qu'elle cache.»

Terry était plongé dans son ouvrage. Deux heures à attendre la pause déjeuner, puis encore deux heures durant lesquelles il était sensé déjeuner. Sa seule crainte était qu’on vienne le déranger. Une équipe de basket, de volley ou de quelconque autre sport populaire et inutile, voilà ce qui serait bien incommodant, et l’empêcherait de continuer son histoire à sa guise.
Non, il n’avait pas envie d’étudier. Qui donc en avait jamais eu envie? Ni étudier, ni rédiger des devoirs interminables, tout cela serait pour plus tard, lorsque, dans le cocon familial, il se sentira l’âme d’un écrivain, et rédigera d’une traite la réponse à telle ou telle dissertation compliquée, digne des cours qu’on est sensé lui prodiguer à l’université.

Il n’était ni l’innocente fleur, ni le serpent. Il ne se sentait pas l’âme pleine de bonté, et ça n’avait jamais été le cas. Dans tout son renfermement quotidien se renfermait une seule idée générale : l’égoïsme.

Tu n’es qu’un égoïste!

Lui avait-on tant de fois répété, un peu partout dans le monde. Paris, Rio, Rome, Seattle… Partout et en tous lieu, n’importe qui le connaissant un minimum finissait par ne pas l’aimer. Seule sa famille lui était fidèle, et savait un peu mieux ce qui se cachait derrière ce rideau de neutralité perpétuelle.

Ils avaient raison, il était égoïste, car ne daignait même pas partager son temps avec quelqu’un d’autre que lui. En fait, peut-être était-il le serpent à plein temps, et était loin de la fleur.
Comme souvent, il méditait sur les phrases qui attiraient son attention dans les ouvrages qu’il lisait. Ces réflexions personnelles étaient alors préfabriquées, et prêtes à ressortir pour un futur devoir, mais il ne voyait nullement cela comme une corvée.

Quelle heure était-il? Cela faisait plusieurs minutes qu’il était là. Oh, une demi heure, en fait, nota-t-il en regardant la montre qui ornait son poignet gauche. Peut-être était-il tant de se mettre quelque chose sous la dent.

Il n’avait nullement remarqué l’arrivée de la jeune fille, car lorsqu’il était plongé dans un livre, il fallait vraiment mettre toute la volonté du monde pour l’en tirer. En l’occurrence, en ce cas, l’envie de grignoter quelque chose.

De son sac à bandoulière, il sortit une pomme. Verte, acide, délicieuse, il en avait toujours sur lui. C’était, selon lui, l’accessoire indispensable de ses journées. Avec ses cigarettes. Certains avaient des téléphones portables, et lui avait ses pommes acidulées.

Mais elle lui échappa, par le truchement d’une fausse manœuvre, et se mit à rouler, rapidement, échappant à sa vue avant qu’il n’ait eu le temps de tendre le bras.

Et mince.

Il posa son livre sur le coté, et se leva, donc. L’objet fuyard avait arrêté sa course aux pieds d’un poteau de basket. Oh, et il fallait aussi préciser qu’elle avait trouvé quelque chose. Plutôt quelqu’un, qui, plongée dans sa musique et dans son livre, ne semblait pas encore l’avoir remarqué.

[Juste une petite précision ; en semaine je passe beaucoup moins de temps sur Internet, voilà pourquoi je ne fais pas de résumés de 30 lignes, comme à mon habitude. Cependant je ferais de mon mieux pour ne pas me laisser débordée !
Ah et… je viens de me rendre compte d’une erreur de mon correcteur Word XD « Elle n’avait pas une bibliométrique bien remplie », je voulais dire une bibliothèque >.<]

Mais qui a donc violé puis tuer Mrs June ? Bien évidemment, elle connaissait déjà la réponse, elle connaissait tellement ce livre qu’elle était obligée de se faire croire qu’elle ressentait le suspens émanant de l’histoire. Ellinor, n’était pas une grande littéraire, et pourtant, la lecture était devenu son passe-temps depuis déjà quelques années, malheureusement les temps changent, la blondinette change, elle n’a plus la même mentalité, son meilleur ami n’est plus un libre, mais une bouteille de vodka… Bizarre comme on peut vite changer d’attitude. Il vous suffit d’un petit passage en prison pour se rendre compte à quel point la vie est injuste. Elle aimait les sensations qu’elle éprouvait lorsque l’alcool l’ennivrait. Elle aimait se sentir libéré de toute oppression qui l’empêcher de respirer. L’alcool lui permettait de survivre, et la lecture d’oublier sa relation avec l’alcool.

« Cause you have a bad day… »

Une chanson triste? Pfff… elle écoutait que cela ces temps-ci. Tojours à être d’une hymeur mélancolique, et son amour pour les chansons tristes n’arrangeait pas les choses. N’était-elle pas attendrissante adossée contre son panier de basket ? Il était rare de la voir aussi jolie, douce et calme. Habituellement elle était tout le temps en train de rouspéter, de se plaindre de tout et de rien. Elle avait toujours son mot à dire, et ses proches commençaient à se faire à l’idée que ce moulin à paroles ne s’arrêterait jamais. N’y aurait-il pas un bouton pour l’arrêter ? Certainement pas, c’était dans sa nature d’être pipelette. Elle aimait se faire remarquer, mais avant de devenir garce elle était à l’écoute de ses amis. C’était un peu la psychologue de la bande, l’épaule sur laquelle on venait pleurer. Maintenant c’est la blondinette qui a besoin de parler, de se confier, mais jamais personne ne l’a remarqué. Elle devait donc se contenter de Billy, son petit ours en peluche qu’elle tient de ses parents biologiques. Jamais elle ne le quitte chez elle, c’est limite si elle ne l’ammène pas en cours ! C’est pour vous dire l’ampleur de la chose…

Un petit coup léger la tira de sa lecture. Une pomme venait de hurter sa cheville frêle. Intriguée, elle leva les yeux vers la chose ronde et verte qui venait de rouler jusqu’à elle. Pourquoi n’était-ce jamais un beau garçon qui décidait de venir à son secours ? Je sais, pensée stupide. Elle ne croyait pas si bien dire en tout cas. Elle attrapa la pomme écarlate et observa autour d’elle. Elle repéra le jeune homme resté dans son coin. Elle regarda tour à tour le druit qu’elle tenait dans sa main droite, et le garçon penaud. Elle lui fit un léger signe de la tête, un petit sourire idiot, et lui envoya la pomme d’un seul coup de poignet. Elle aimait tester les reflexes des autres, encore une de ses idiotes lubies.

« Je sais que je suis sexy, mais de là à attirer une pomme, je m’en vois vexée… »

Dit-elle ironiquement, tout en éteignant son iPod. Elle ne savait pas, en réalité, si l’inconnu souhaitait tapper la discussion, mais il était temps pour elle de quitter son monde policier et de revenir au monde réel. Elle garda tout de même son livre entre les mains, comme si celui-ci était précieux à ses yeux. Elle s’avanca d’un pas maladroit vers celui-ci qui avait fait « l’erreur » de lui « envoyer » sa pomme. Il est vrai qu’il était maintenant en une mauvaise passe, il allait devoir subir Ellinor l’espace de quelques minutes, voire plus si elle a la pêche en cette fin de matinée !
Les mains dans les poches arrières de son pantalon, son bouquin sous le bras, elle restait à une distance convenable du garçon.

[Oki Et t’inquiète pas, j’avais compris pour la « bibliométrie » ^_^]

Une fille, il s’agissait d’une fille, plongée dans sa lecture, et qui ne l’avait pas encore remarqué. Quand était-elle arrivée? Était-elle là lorsqu’il était venu s’installer derrière cet endroit douillet? Cet établissement était bien étrange : depuis quand les élèves préféraient lire plutôt que de s’entraîner à un match quelconque, ou de rester avec leurs amis? Depuis quand les gymnases étaient-ils des endroits qui accueillaient des lecteurs acharnés et tranquilles?

Quand donc le monde avait-il changé?, songea-t-il, non sans humour, tendit que, perplexe, comme il l’était assez souvent ces temps-ci, il observait la jeune blonde qui venait de se rendre compte de la présence de sa pomme. Et puis de la sienne. Étrange situations, deux lecteurs dont les chemins qui paraissaient différents se croisaient grâce ou à cause d’une pomme, fruit qui consistaient en l’occurrence son en-cas. Elle lui envoya son bien d’un geste précis, qu’il rattrapa d’une main.
Depuis quand les « petits intellos », comme on se plaisait à l’appeler si souvent, parvenaient-il à faire preuve d’adresse?

Mais le jeune homme, malgré son dédain pour toute forme de sport en avait hélas pratiqué pendant plusieurs années. Avant, d’ailleurs, de se rendre compte que les sports d’équipes n’étaient pas vraiment pour lui, et que la natation attirait beaucoup trop de problèmes… il s’était d’ailleurs même fait renvoyer d’un lycée, l’année précédente, sous prétexte qu’il avait… bon, en fait c’était la pure vérité, qu’il avait cassé le nez d’un de ses camarades. Lui? Violent? Oui, dans certaines situations, il lui arrivait de sortir de son indifférence constante pour les autres, ce qui lui attirait à chaque fois des problèmes.
Comprenez donc pourquoi il était seul dans un gymnase désert en train de lire une tragédie shakespearienne.

Un léger sourire apparu sur ses lèvres, montrant qu’il avait été sensible à la remarque qu’elle avait sorti, cette fille qui lisait des bouquins sous des panneaux de basket…

Désolé

Dit-il alors en guise de… D’excuse. Logique, non? Un autre aurait sortit une remarque montrant qu’il était sensible au comique de la situation, Térence, qui, peut-être n’avait aucun sens de l’humour, chose qu’on ne pourrait jamais savoir compte tenu du fait que son débit de phrases était si limité qu’il n’y avait évidemment pas de place pour de l’humour là dedans, se contentait de répondre brièvement, regardant la jeune fille, dont la taille était de beaucoup inférieure à la sienne, et qui se trouvait à présent devant lui.

Peut-être qu’il y avait quelque chose dans son attitude, ou dans sa manière d’être, qui poussa le jeune homme de la manière suivante, lui qui normalement serait retourné s’asseoir tranquillement, mais il se retrouva, lui tendant le fruit, comme si il s’agissait d’un présent solennel, et ajouta alors :

Tu as faim?

Grands dieux. Terry faisant don d’une de ses précieuses pommes à une fille qu’il ne connaissait pas la minute précédente, compte tenu du fait qu’il ne faisait généralement de don à personne, connu ou non, était un moment à marquer d’une pierre verte. (comprendre : de la couleur de la pomme en question)

Quand à expliquer ce qui avait bien pu se passer derrière sa tête, nous n’en sommes hélas pas encore là. Toujours fut-il que le jeune homme décida alors de retourner s’asseoir, n’ayant plus aucun n’intérêt à rester debout. Il détestait parler, et rares étaient les fois ou l’on pouvait l’entendre dire plus d’une phrase. Nouer contact avec autrui, ça n’était pas son truc. Et sa pomme alors?

Aucune idée.

[Merci de ta compréhension =) A vrai dire, aujourd’hui j’ai toute ma journée devant moi, je vais pouvoir méditer sur des scénarios ^^ Et oui, les terminales de mon lycée ont fait blocus ce matin. Ils ont gagné, du coup, les profs ont décidé de ne pas faire cours ! J’ai faillit allé à Grenoble manifester, mais il pleuvait trop >.< Alors je suis là lol]

Ils étaient deux lecteurs dans un immense gymnase prêt à accueillir des sportifs méprisables, et pourtant, jadis, elle était amie avec ces personnes, elle était même tombée amoureuse de l’un deux. Une belle histoire d’histoire d’amour, qui, malheureusement, ne l’aura mené à rien. Il ne faut pas faire confiance aux gens, ne jamais leur offrir votre cœur, votre âme, car la vie n’est faite que d’hypocrisie, et le fait d’être jolie mais naïve n’arrange pas les choses. Depuis qu’elle avait appris ce petit « jeu » que menait son petit copain lorsqu’elle était au lycée, elle ne s’en était jamais remise, et tous ses ennuis avaient commencé. Les mauvaises fréquentations, une réputation de traînée, la drogue… N’était-ce pas une belle jeunesse qu’elle avait là ? Elle essayait tant bien que mal d’oublier cette période dégradante qu’elle avait vécu, changeant de famille tous les mois, déboussolée par sa situation, elle était tombée dans la dépression. Elle enchaîna les psy’, et fit même un petit tour dans un centre pour adolescents. Il faut dire que la blondinette n’a pas une vie toute rose comme certaines personnes. Mais ne nous lançons pas dans un déballage de sa vie.

« T’inquiètes pas, je t’en veux pas, je commence à être habituée à ce genre de situation… ! »

Elle avait dit ça, baissant les yeux, comme pour éviter de montrer cette petite pointe de mélancolie qu’elle avait dans les yeux, repensant à certaines choses. Elle ravala ses souvenirs et repris sur elle, un joli sourire, presque forcé, sur ses lèvres rosées. Que faisaient-ils là, tous les deux ? Qu’est-ce qu’elle avait fait pour qu’une pomme la rapproche d’un jeune homme ? Elle était pourtant très sociable avec les autres, mais plutôt méfiante avec les hommes. C’est un peut de leurs fautes si elle devait subir sa vie. Regardez :
- Celui qui est la « cause » de son mépris était un homme, son père. Pourquoi lui en voulait-elle autant de les avoir emmené à Disneyland cette nuit là ? Et pourtant elle l’aimait, et n’arrêtait pas de penser à lui. Elle était jalouse du grand amour qu’il avait vécu avec sa mère, et qu’elle ne vivra sûrement jamais à son tour. Elle aurait tellement aimé qu’il soit derrière elle pour la guider, lui tracer son chemin. Il l’avait abandonnée, voilà tout, elle devait vivre seule, avec pour seul guide, son instinct.
- Sans oublier ce Jason, vous savez, le sportif avec qui elle était sortie. C’était de sa faute si elle ne faisait plus confiance aux hommes, si elle ne croyait plus en l’amour. Elle s’était toujours jurée de lui pourrir la vie comme il avait pourris la sienne. Pourquoi Ellinor était toujours obligée de se venger ? Pourquoi ne pas ignorer, ne pas oublier ?
Et j’en passe, des hommes qui lui ont brisé le cœur elle en a connu toute une tripotée. Mais revenons au présent, et oublions le passé.

La voilà, au beau milieu du terrain de basket, le jeune homme lui tendant sa pomme. Elle ne réagissait pas, se demandant pourquoi ce geste lui était offert. Il n’avait pas l’air pourtant très causant, mais il lui avait proposé quelque chose. Habituellement les garçons lui proposaient d’aller au cinéma avec elle, même s’il ne la connaissait pas. Mais là, une simple pomme déstabilisa la blondinette. Elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle n’avait pas faim, ou alors elle aurait préféré quelque chose de bien sucré, comme de la glace, histoire de se consoler. Mais elle ne savait pas comment réagir vis-à-vis du jeune homme, il avait l’air si gentil…

« Euh… »

A peine eu t-elle le temps de reprendre ses esprits, de revenir à la réalité qu’il était déjà se allé se réinstaller dans son coin. Elle fut gênée, peut-être n’avait-il pas apprécié ses paroles, ou son manque d’enthousiasme. Elle retourna alors à son tour retrouver son panier de basket, s’assit par terre, en tailleur, son livre dans les mains. Elle jetait de temps à autres un regard furtif au mystérieux inconnu, caché entre la poutre et le cheval d’arçon. Elle avait un petit sourire timide aux lèvres, mal à l’aise. Elle n’arrivait plus à se concentrer, les mots, les phrases de son bouquin ne voulaient pas se faire comprendre. Elle le referma brusquement, puis hésita quelques secondes. Elle leva les yeux vers le garçon, et dit d’une voix cristalline, au hasard.

« Tu viens souvent ici ? »

[Rah zut, et c’est moi qui ait eu cours toute la journée, d’où la réponse tardive :s]

Térence, sans doute au contraire de la jeune femme, n’avait jamais souffert de quoi que ce soit. Il avait une famille unie et normale, aucun problème de santé, un statut social considérable et aurait tout à fait pu être, genre, le quater back vedette de son lycée, enchaînant les conquêtes et les soirées entre amis. Donc, très logiquement, si sa vie s’avérait être ce qu’elle était, à savoir un monde où les pommes et les cigarettes étaient les seuls plaisirs simples, et dans lequel la lecture avait toute sa place, ça n’était qu’à cause de lui, il en était bien conscient, et ne faisait rien pour changer ça. Sans doute avait-il lui aussi été trop déçu par les rares personnes extérieures à son cocon familial à qui il avait autrefois fait confiance, et, comme le corbeau de la fable, avait juré qu’on ne l’y prendrait plus.
Pourquoi avait-il fait dont de sa pomme à la jeune femme? On aurait pu dire qu’il avait sans doute senti qu’elle en avait sans doute plus besoin que lui, mais… heu… elle ne paraissait pas vraiment affamée, et d’ailleurs, lorsque Terry faisait un geste, c’était uniquement pour se débarrasser d’autrui. Or, dans ce cas présent, il n’avait aucune raison de vouloir se débarrasser d’elle, non qu’il ne lui porte -déjà- une affection particulière, mais surtout parce qu’ils n’avaient aucune raisons de discuter, et donc, qu’elle n’avait aucune raison de le déranger en quelque manière.

Habituée à quel genre de situation? Ne put s’empêcher de penser le lecteur assidu, sans pour autant daigner poser la question à haute voix. Rares étaient ceux qui l’avaient déjà entendu poser des questions personnelles, et il n’était pas près de commencer, sachant très bien qu’une question était souvent source d’un flot de paroles ininterrompues car les gens ne se faisaient jamais prier pour raconter ce qu’ils avaient sur le cœur. Bref, il était incapable de poser à voix haute une question intérieure.

Il avait fait ce geste sans y penser, comme il tournait les pages d’un livre pour connaître la suite de son histoire ou passait la main dans ses cheveux nonchalamment. Sauf que là, il avait offert quelque chose, un fruit, en l’occurrence, sans même songer qu’elle allait peut-être le refuser, sachant éperdument qu’il était plongé en plein milieu d’une génération qui ne se nourrissait que de barres de céréales et de salade verte, à l’instar de sa sœur cadette.

Mais ça n’était pas la question, puisque, déjà, il en était déjà retourné à ses pénates, plongé à nouveau dans la lecture son chapitre, ayant déjà presque oublié la raison de son interruption, puisque son esprit avait comme toujours le réflexe malsain d’effacer toute présence d’humanité alentour de sa perception, aussitôt qu’il touchait un livre.

Une phrase, puis deux, puis même trois, les phrases shakespeariennes étaient parfois très longues, avant qu’il n’entende la voix de la jeune femme raisonner, comme il se devait dans un terrain de sport. Il leva alors les yeux, garda quelques secondes cet air vague, comparable à celui d’un petit garçon qui tentait de se souvenir de l’endroit ou il se trouvait, avant de poser son regard sur elle, et de répondre :
Non

Les mots préférés de Térence : un oui, un non, jamais de peut-être, ni de parce que, il se contentait toujours du strict minimum, le dialogue n’étant décidément pas son truc.

Je viens d’arriver ici.

Comprendre par là qu’il venait, et d’arriver dans le gymnase, et même d’arriver à l’université, et, pour ne pas faire moins simple, qu’il venait d’arriver dans le coin. Comprendre aussi qu’il avait découvert le gymnase par hasard et qu’il avait décidé de s’y installer. Comprendre enfin qu’il n’était pas du genre à vraiment tenter de se faire comprendre, il était comme sous doué dans tout ce qui était du domaine de la communication.

Pas très causant le jeune homme. Il semblait avoir l’âme d’un philosophe, de part sa lecture, mais n’avait pas l’air d’être animé d’une envie folle de parler. A vrai dire, Ellinor avait beau être une pipelette reconnue, il lui arrivait d’avoir ses moments de mélancolies, ces moments durant lesquels on a plus envie d’être seul avec ses pensées plutôt que d’ouvrir son cœur à n’importe qui. Pour elle il était souvent difficile de parler, de parler de choses intimes, qui nous pèsent sur le cœur, que l’ont a envie de crier sur tous les toits, afin que tout son entourage vous écoute et vienne retirer ce poignard logé bien profond dans cet organe : le cœur. Et puis, n’avait-elle pas plutôt le dégoût des autres ? Le dégoût de toutes ces personnes se disant à votre écoute, prête à n’importe quoi pour votre personne ? En réalité, personne n’est présent pour personne. On vit dans un monde plein d’hypocrisie, où c’est chacun pour soit. On se dit guidé par son instinct, celui-ci nous conduisant à la misère. On naît seul, on vit seul, on meurt seul. On m’a souvent dit : « Chaque jour te rapproche de la mort, alors n’essais pas de la repousser ». Peut-être avaient-ils raison, tous ces gens derrière elle, l’incitant à vivre au jour le jour. Elle a suivit ce conseil, mais il n’a mené à rien. Plus elle essayait d’oublier, plus elle se rappelait. Plus elle se rappelait, plus elle se détruisait. C’est fou ça, comme une personne peut changer su subitement. On passe d’une personnalité attendrissante, à une personnalité forte, téméraire mais surtout avide de mélancolie. Elle vit dans sa mélancolie, elle ne vit de rien, mais survit de toutes ces petites choses qui la font se rattacher à la vie, ce long chemin parfois barré par un obstacle. Tout le monde tient un miroir entre les mains, ce miroir reflétant la réalité, cette réalité que l’on rejette. Lorsque vous orientez ce miroir vers le haut, vous vous rendez compte à quel point la vie est belle, le ciel bleu vous ouvrant les yeux, mais lorsque vous l’orientez vers le bas, vous observez cette boue futile qui n’est que le mauvais côté de la vie, et là vous refermez les yeux. Qu’importe dans la vie, il faut s’accrocher, évitez les obstacles et toucher du doigt le ciel bleu.

Ellinor, elle, se fichait de la vie. Elle était là, béate, à observer ce mystérieux inconnu qui semblait ne pas vouloir d’elle et de sa jolie voix. Après tout, il avait peut-être bien raison de refuser tout contact. Le bruit courait à la Fac que cette petite blonde n’était pas très fréquentable, morose et doté d’un don inouï pour ennuyer le monde. Et pourtant, elle était si joyeuse avant, toujours souriante, prête à rigoler d’une blague ou d’un « scoop ». Elle était un peu la commère dans son lycée, toujours à lancer les rumeurs, niant toute culpabilité à ces actes. Elle ne se doutait pas qu’un jour elle descendrait directement au stade de petite intello coincée. Elle était si belle dans sa petite robe grise à dentelle dorée. Elle avait l’air si enfantine, son livre entre les mains, comme une fillette assise contre un arbre, rêvant d’être une princesse, comme Cendrillon ou Blanche Neige. Mais jamais elle n’a été une princesse. Jamais son prince charmant n’a volé à son secours lorsqu’il était encore temps. Elle en rêvait toutes les nuits de ce beau jeune homme venant la sauver des griffes de dragon. Mais jamais elle ne l’avait vu venir. Elle était souvent considérée comme… la domestique du conte de fée, la femme toujours logée dans l’ombre de la princesse, sans jamais se plaindre ni se rebeller. Elle ne voulait rien y faire, rien changer à ce carnage. Elle se sentait bien dans sa peau, bien qu’elle aurait aimé être plus sensuelle, attirer le regard des garçons, non pas par son cœur de « rêve » si je puis me permettre, mais par ce sens de l’humour qu’elle possède, et cet esprit si simpliste qui en fait craquer plus d’un. Elle ignora le jeune homme, elle ignora ses réponses. Elle ne voulait point le déranger, nuire à son bonheur. Il semblait plonger dans son conte de fée, comme elle était plongée dans le sien. Quelques regards furtifs, quelques soupirs d’exaspération, puis le silence.

* Un jour mon prince viendra… *

Elle fredonnait une mélodie gamine, ayant oublié toute civilisation autour d’elle. Elle était assise mollement contre son panier de basket, un livre sans importance en les mains, les jambes en tailleur, cette petite voix écarlate échappant au contrôle de ses lèvres rosées. Elle se fichait du regard des autres, elle se fichait des moqueries qui pourraient faire rage contre elle. Elle se sentait légère, au milieu de ce gymnase, en face à face avec un inconnu, cet inconnu qui l’avait lâchement rejeté, mais d’une façon digne d’un gentleman. Elle se sentait attirée par lui, par cette petite mine désorientée qu’il avait lorsqu’il posait son regard sur elle, cherchant à éviter toute discussion avec la demoiselle. A cette pensée elle esquissa un petit regard narquois, comme fière d’en faire chavirer plus d’un. C’était là la seule chose marrante qui pouvait lui arriver en cette fin de matinée.
A côté d’elle, son sac échoué. Un petit sac en cuir marron, dans lequel ses livres de cours n’avaient pas vu le jour depuis longtemps. Elle farfouilla à l’intérieur, en sortant une bouteille d’eau. L’eau verdâtre, d’un vert pourtant éclatant, au bon goût de menthe sucré, un vrai régal pour les papilles. Elle en avala une gorgée, puis une deuxième, puis finit par avaler 1/5 de cette petite bouteille. Elle la laissa couchée à côté d’elle, prenant soin de ne pas la faire exploser, sous cette force qu’elle ne contrôlait pas elle-même. Qu’allait-elle faire maintenant ? Continuer à lire, à supporter cette atmosphère étouffante qui c’était installée au fil du temps ; se relancer au combat, et encore tenter en vint à extorquer quelques paroles mielleuses à ce garçon ; ou encore tout simplement quitter ce gymnase, s’avouer vaincu, dépassée par la situation. Elle choisit la deuxième option qui s’offrait à elle. Elle se ressaisit, et de cette petite voix écarlate qui auparavant chantonnait une mélodie enfantine, elle se permit gaiement :

« Sans vouloir te déranger… tu aurais l’heure s’il te plais ? »

Très malin n’est-ce pas ? Le coup de l’heure… Arf, elle allait bien passer pour une idiote, car sur son poignet frêle gisait une petite montre en argent, très fine, s’accordant très bien aux tons de sa robe. Lorsqu’on écoutait bien le silence, on pouvait entendre le « tic tac » de celle-ci. En réalité, elle avait sortit ça par hasard, ne trouvant rien de mieux. Elle savait qu’elle allait encore une fois se faire remballer de plus belle, mais autant s’user à la tâche, car on ne récolte pas le blé avant de l’avoir semé !

L’heure? Elle lui demandait l’heure? Voyons, Terry disposait-il de cette chose si pratique que l’on appelait « montre? ». En tous cas, il ne pouvait pas donner l’heure à partir de son téléphone mobile, pour la simple et bonne raison qu’il n’en possédait pas. Comment? En ces temps houleux ou la modernité était omniprésente et la plupart des humains disposaient au strict minimum d’un téléphone mobile? Soyons sérieux : pourquoi en aurait-il un, alors qu’il n’était pas fichu d’aligner plus de trois mots dans une phrase, qu’il n’avait jamais eu une vie sociale très remplie, et que, du coup, on ne risquait pas de le harceler de coups de téléphone, et qu’enfin, lorsqu’il sortait, c’était uniquement pour se rendre en cours, voire pour aller s’installer dans un quelconque endroit tranquille. Le soir? Presque jamais, ça n’était pas vraiment comme si il était du genre à sortir. Bref, pas de téléphone portable.

Mais en revanche, effectivement, il disposait d’une montre. Une jolie montre au bracelet chromé et disposant de multiples fonctions telles que boussoles, chronomètres, et résistance à l’eau, un véritable petit bijou de technologie, qui, de surcroît s’avérait fonctionner analogiquement, mais à l’aide de petites aiguilles tournant joyeusement un peu partout, que le jeune homme n’avait d’ailleurs jamais tenté de faire fonctionner, ni même de comprendre. Il la mettait systématiquement chaque matin depuis qu’il l’avait reçue deux ans auparavant, et qu’Heureusement pour lui, elle disposait d’un système merveilleux de réglage de l’heure, fonctionnant de manière si étrange qu’il était toujours à l’heure quel que soit le pays dans lequel il se trouvait.

Revenons d’ailleurs au sujet initial. La jeune fille demandant l’heure à Térence qui leva les yeux vers elle à nouveau. Il était vrai qu’il n’avait jamais été très doué pour la prise de parole, et d’ailleurs, les seuls notes qui avaient fait baisser sa prestigieuse moyenne scolaire étaient les notes d’oraux, tels que les exposés, par exemple… Mais le fait de ne pas parler n’était pas forcément le signe qu’il n’appréciait pas quelqu’un. Après tout, il avait été aussi bavard avec la jeune femme qu’il l’était au quotidien avec des gens avec lesquels il était beaucoup plus proche, comme sa sœur, ou ses parents.

Il jeta donc un coup d’œil à sa montre après quelques secondes.

11 heures 04

Avait-il remarqué le bracelet d’argent au poignet de la jeune femme? En tous cas, il ne le fit point remarquer, et son visage ne changea nullement. Il n’avait jamais été très doué pour nouer contact avec autrui, et ça ne risquait pas de changer maintenant, même avec la meilleure volonté du monde…

Il ouvrit la bouche, dans le but de trouver quelque chose à ajouter, mais… Rien.

Je… euh… qu’est ce que tu fais là?

Par cette question quelque peu ambiguë, mais hélas la seule chose qu’était parvenue à sortir le jeune Norman qui, par manque de bol, avait un sérieux problème en ce qui concernait la communication, il voulait non pas lui demander d’un ton agressif pourquoi elle envahissait son espace vital, d’autant plus que son ton n’était pas agressif.
Non, il voulait tout simplement lui demander ce qu’elle faisait dans un gymnase à 11heures du matin, au lieu de s’amuser gaiement avec ses camarades de classe.

Évidemment, c’était beaucoup trop long pour qu’il le dise, tout ça.

Qui a parlé de sociabilité ? En tout cas, il a trouvé LA personne digne de cette qualité. Ma foi, elle avait beau être la plupart du temps d’une humeur à glacer le sang, elle aimait les gens. Elle aime être entourée de personnes chères à son cœur, qu’elle estime dignes de confiances. Elle aime discuter avec ces personnes, prendre de leurs nouvelles ou débattre de choses et d’autres. Elle aime avoir de la compagnie, voilà tout. Mais comme chaque être vivant sur cette terre, elle a ses hauts et ses bas. Il lui arrive de détestait les gens. Il lui arrive d’adorer la solitude, comme si celle-ci était sa meilleure amie. Vous savez, on est tous différents, on a tous nos fréquentations, qui ne sont pas toujours bonnes. Ellinor serait plutôt du genre à fréquenter les « junkies » que les « bimbos » de la Fac, bien qu’elle partage une chambre avec le capitaine de l’équipe des pom pom girls du bahut. Malgré tout, elle est plus que sociable, il faut juste trouver le bon moment pour l’accoster.

Mais apparemment, tout le monde ne l’est pas, sociable. Il y a des personnes qui préfèrent moisir dans leur coin, sans jamais lever les yeux sur le monde. Ils ne se rendent pas compte du bien que ça fait d’avoir des amis sur qui compter. Ils sont toujours là, ou au moins les ¾ du temps, à vos côtés, prêts à vous écouter. Jamais ils ne vous lâchent, toujours ils vous retiennent. Et puis il y a les hypocrites, ceux-là, je ne vous conseille pas de les aimer. Ceux sont des lâches, des personnes qui ont peur de ne pas être à la hauteur, et qui préfèrent fuir devant le moindre danger. Mais ne croyez pas que le monde ne soit habité que par des gentilles personnes, car comme je dis souvent, si tous les cons étaient peints en rouge, la Terre serait un joli champ de coquelicots. C’est beau la jeunesse, n’est-ce pas ?

« Bien le merci jeune homme… ! »

Elle avait dit ça avec un amusement qu’elle n’avait jamais introduit dans ses paroles depuis longtemps. Peut-être souhaitait-elle cacher cette petite pointe de désolation dans sa voix ; car oui, elle était déçue de ne pas réussir à extirper plus de 3 mots à cet inconnu. Il restait assis dans son coin, comme un gamin se cachant du « gang des méchants » à la maternelle. Il ne montrait que très peu son visage, et préférait rester dans l’ombre à lire du Shakespeare et manger une pomme verte. N’était-ce pas exaspérant me direz vous ?! Pauvre garçon, aurait-il peur de l’inconnu ? Il ne devrait pas, la blondinette n’a encore mangé personne. Elle n’avait pas l’air méchante, mais plutôt attirante. Elle savait s’y prendre avec les gens, les arnaquer, les trahir ou les consoler. Jamais elle ne refusait de prêter son aide à quelqu’un, mais il fallait toujours lui renvoyer l’ascenseur.
Quelle gentillesse a-t-il eu de lui donner l’heure, j’espère que cela ne lui a pas trop fait mal. Il l’a dit sur un ton si… froid, que ses paroles lui ont glacé le sang. Elle veut se montrer gentillesse, mais elle passe pour une fille envahissante. Elle veut un peu mieux connaître celui avec qui elle a échangé quelques paroles, elle ne lui soutire que cette maudite heure. 11h04, heure de sa mort. Bah oui, quand on a le sang glacé, celui-ci n’alimente plus le cœur et alors… et alors c’est là qu’on voit qu’elle a bien suivit ses cours de biologie au collège ^^ Reprenons. Qu’allait-elle maintenant faire pour arriver à ses fins sans passer pour une aguicheuse…

« Je ne sais pas, je suis ici un peu comme chez moi… Cette université est ma seule maison, alors je me réfugie dans l’endroit le plus calme afin de méditer un peu. Pourquoi cette question ? Je te dérange peut-être… si c’est le cas, je ne me ferais pas prier pour rejoindre ma chambre ! »

Et oui, elle parle, elle parle, mais elle ne prend pas soin de parler sur un ton décent. Elle déballa toutes ses paroles quelque peu froidement, comme pour faire prendre confiance au jeune homme qu’il n’était jamais très agréable d’entendre les gens vous parler sur ce ton. Quel âge avait-il ? Quelques 1 ou 2 ans de moins qu’elle, elle avait donc le droit de se faire respecter, tout en le respectant bien évidemment, et pour elle, personne n’avait le droit de lui parler comme tel. Elle se croit supérieur, n’est-ce pas ? C’est le cas. Elle a besoin d’avoir toujours un train d’avance sur les autres, fouineuse, il lui arrivait même de connaître toute la vie d’une personne avant même de connaître son prénom. Elle est comme ça Ellinor, méfiante, toujours sur ses gardes avec autrui. Mais passons…

Quelqu’un entre dans le gymnase. On entend un ballon rebondir, puis deux, puis trois, puis… Quelle heure était-il ? 11h12… Mince, l’heure pour l’équipe de basket de la Fac de s’entraîner, mais surtout l’heure pour Ellinor de se faire reluquer. Elle méprisait tous ces joueurs, se croyant beaux comme des dieux. Qu’ont-ils de plus que les autres garçons ? Des muscles ? Une réputation ? Un garçon n’a pas besoin de tout ça pour se faire aimer, la preuve, elle n’a jamais posé un regard admirateur sur ce genre de mecs. Elle était plus friante des mauvais garçons, ces garçons toujours prêts à se battre pour elle, dans n’importe quelles circonstances.
Un des joueurs s’approcha d’elle, elle le dévisagea, comme dégoûtée. Il tenait un ballon entre les mains. Joli garçon certes, mais qui devait sûrement n’avoir qu’un petit pois à la place du cerveau. Elle posa sa main droite sur sa hanche, et le méprisa du plus profond de son être lorsque celui-ci lui adressa la parole.

« Hey blondinette ! Je ne t’ai jamais vu ici, tu fais partie des pom-pom girls ? Pas mal, pas mal… on déjeune ensemble à midi ?

- Dis donc, le monde est petit ! Je n’aurais jamais pensé rencontrer Chewbacca à Odano !

- Coriace la petite…

- J’aurais plutôt dis…

Elle posa son index sur ses lèvres, comme pour montrer qu’elle était pensive.

… perspicace, voilà le mot qui me conviendrait le mieux. »

Elle s’avança gentiment vers le basketteur qui la regardait béat. Elle prit une allure allumeuse, et de sa main gauche elle lui prit le visage, et se comporta comme une grand-mère envers son petit fils : « Qu’il est mignon !!! » Ni une, ni deux, le jeune homme la dévisagea, son regard véridique. Elle lui fit un joli clin d’œil, un de ces clins d’œil complices. Elle ne fit plus attention au mystérieux inconnu derrière elle, trop occupée à faire des petits signes aguicheurs au basketteur, mimiques ironiques evidemment, mais plein d’amusement pour elle. Qu’elle aimait se moquer de tous ces idiots de service qui l’abordait rien que pour son physique, de rêve d’après eux.

De la compagnie? Était-il arrivé à Terry de mourir d’envie de se retrouver avec d’autres personnes? De souffrir d’un manque évident de vie sociale, comme en subissaient à peu près la plupart des personnes de son age à un certain moment de leur développement? Soyons sérieux, il y avait de fortes chances pour que non, ça ne soit pas le cas. Avait-il déjà péri d’envie à l’idée d’aller à une fête regroupant les personnes les plus populaires de son bahut? Heu… Non plus. Mais avouons le, il fut une fois ou oui, il avait regretté de ne pas s’être rendu à une compétition de natation. Il y avait un certain moment de cela. Rares étaient ses regrets, cependant : il s’en était vite remis, aussi vite que de tourner la page d’un livre. Du moins, il s’en était persuadé, et qui pouvait donc aller vérifier au tréfonds de ses pensées? Vous l’avez compris : personne n’en était capable, non qu’il soit particulièrement spécial, mais voyons, qui pouvait lire dans l’esprit des gens?
De toutes manières, l’une des rares qualités que l’on pouvait trouver à son asociabilité dévorante était la suivante : il ne faisait pas de différence entre tel ou telle catégorie de personnes. Riches, pauvre, populaires ou non, Terry se fichait tout autant de savoir si oui ou non ils étaient intéressants.

En effet, difficile de dire qu’il pouvait concevoir les bienfaits de l’amitié. Il ne pouvait que l’imaginer, et ça lui suffisait amplement, puisque son imagination était sa meilleure amie. Peut-être était-il trop méfiant, peut-être était-il trop égoïste. En tous cas, il ne pouvait tout simplement pas décider de se jeter à l’eau, tel le poisson rouge devant abandonner son cher bocal d’eau douce pour plonger dans une mer froide et salée. D’ailleurs, si jamais il s’y essayait, y survivrait-il seulement? Permettez lui le bénéfice du doute, en tant que petit poisson rouge craintif qu’il était. Protection naturelle et automatique contre le genre humain. C’était si facile.

Il leva légèrement un sourcil lorsqu’elle lui dit que l’université était sa seule maison. Habituellement, il avait plutôt affaire à des personnes qui détestaient l’enceinte de l’école, et préfèreraient mourir que d’y retourner. Ok, exagération. Mais tout de même. En tant que première année, il était vrai qu’il avait tout de même de nombreuses choses à apprendre de la fac, et peut-être que l’ambiance qui y régnait était différente du lycée. Qui pouvait le dire? Après tout, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de vérifier, et puis, dans un sens, il s’en fichait un peu. Peut-être était-ce un sujet épineux pour la jeune femme, quoique, elle n’avait pas vraiment eu l’air blessée, peut-être un peu blasée… Mais c’était une interprétation purement personnelle, et puis, après tout, il était un peu mal placé pour jugé le ton des autres.
Le sien, était naturel. Il s’était toujours exprimé de ce ton détaché, presque hautain, les rares mots qui parvenaient à sortir de sa bouche étant eux même un peu comme des boucliers contre le monde extérieur. Whoah, et dire qu’il n’avait jamais planifié ça. Non, c’était juste lui.

Imaginez le, en train de s’exprimer d’un ton joyeux. Ça aurait été un tantinet… anormal. Suspect. Bizarre. Bref. Bon, tout ça était encore de son point de vue. Il se donnait toutes les excuses du monde pour ne pas changer.

Tiens, de toutes manières, quelqu’un arrivait. Allait-il être pour lui l’heure de s’envoler vers d’autres cieux? Ou du moins d’aller trouver un endroit plus intime pour poursuivre sa petite lecture? Un ballon rebondit sur le sol, une fois, deux fois. Le club de basket? Des envahisseurs. Enfin, il ne pouvait rien dire, c’était lui qui était sur leur territoire, et pas l’inverse, n’est-ce pas?

Un des types vint à la rencontre de la petite blondinette à qui il faisait la « conversation » depuis quelques minutes. Oh, il avait oublié qu’autrui avait une façon de communiquer quelque peu… Précaire? Craintive, était le mot, le garçon en était venu directement aux faits. Manifestement, l’art de la rhétorique était loin d’être son hobby premier. Elle, ne semblait pas particulièrement être en extase devant l’éphèbe, et sans doute Terry devait se sentir flatté de n’avoir pas eu droit au regard dédaigneux qu’elle avait tout d’abord posé sur l’autre. Elle se moquait visiblement de lui, et, si il lui avait été permis d’en douter, ça n’était à présent plus vraiment le cas, compte tenu du regard amusé qu’elle venait de lui lancer, tendit que lui-même s’était mis à observer la scène d’un air mi-intéressé, mi-étonné. Il ne put d’ailleurs s’empêcher de répondre à son clin d’œil par un sourire amusé, lorsqu’un nouvel élément fit son apparition dans la scène, en la présence de l’entraîneur de l’équipe de basket de l’université d’Odano.

On ne veut pas de spectateur pendant les entraînements!

Rugit-il en posant son regard, d’abord sur Ellinor, puis sur Térence, lequel était toujours planqué derrière son cheval d’arçons. D’ailleurs, il eut un petit moment d’hésitation, s’étant mis à regarder le jeune homme qui était en train de se demander si le vieux avait genre l’intention de l’assommer de quelque manière, compte tenu de ses sourcils froncés et de son air suspect, sentiment qui ne changea nullement lorsqu’il vit le vieux se mettre à ricaner d’une manière très effrayante.

Norman, hein? Tu ressembles à ton père comme deux gouttes d’eau… J’espère qu’il se porte bien, il était le meilleur de l’équipe de basket de Harvard.

Haussement de sourcil. Était-il traqué? Comment ce type connaissait son père, alors qu’il n’était même pas du coin. D’ailleurs, Harvard était à des miles d’Odano…

Il était vrai qu’il ressemblait terriblement à son père, et physiquement, et psychologiquement. Impossible de s’y méprendre, Terry avait vu maintes fois des photos de son géniteur lorsque ce dernier avait son age, et on aurait pu penser que c’était la même personne, genre, avec un goût très étrange au niveau des vêtements.

Heu… Oui.
Voilà, il avait fait son devoir. Quelque chose lui disait qu’il fallait qu’il se tire d’ici. Un entraîneur qui connaissait son nom, ça ne présageait rien de bon.

Il fermait donc son livre, cornant légèrement la page pour la retrouver facilement plus tard, lorsque l’entraîneur ajouta alors.

Dis moi, ça te dirais de faire partie de l’équipe? Si tu as le talent de ton père, on gagnera aisément le championnat.

Heu…

Il glissa le livre dans son sac à bandoulière, jetant un regard désespéré à la jeune femme blonde, tendit que, d’ailleurs, le reste de l’équipe de basket avait achevé son entrée. Soyons sérieux, Norman portant un débardeur oversized et un short? Heu, non, merci.

Il s’était donc levé, le sac calé sur son épaule. L’entraîneur, qui s’était placé devant lui, tel le guépard devant sa proie lui avait placé un ballon entre les mains.

Allez, tente juste les essais!

Un regard à droite, à gauche. De toutes manières, les autres ne semblaient pas vraiment tenir à ce qu’il fasse partie de leur bande, compte tenu du regard qu’ils lui jetaient. Ses yeux d’un bleu très clair vinrent se poser sur la jeune blondinette, jettant un appel à l’aide silencieux.

Désolé, « on » doit partir.

Rend nous le ballon, alors!

Lança le type, « chewbacca » a qui avait parlé précédemment la jeune femme.

Il le balança alors, sans trop faire attention de l’endroit ou il pourrait bien atterrir.

Bon lancé!

Oups. Juste dans le panier. La fatalité était-elle contre lui?

Que le monde est petit ! C’est fou comme les gens se retrouvent, se reconnaissent en de telles circonstances. C’est comme pour Ellinor. L’autre jour, alors qu’elle sortait de sa chambre, une jeune femme vint à sa rencontre. Etonnée, la blondinette n’avait pas percuté rapidement, et il fallut maintes explications de la part de l’inconnue pour que notre suédoise se rende compte de qui était en face d’elle. Il s’agissait de Flora, la fille d’une de ses familles d’accueil lorsqu’elle avait… 13ans je crois. Ce fut des retrouvailles chaleureuses, qui illuminèrent la journée d’Ellinor. Elle avait passé plus d’un an dans la même université de sa chère amie, et jamais elles ne s’étaient encore croisées. Tout ça pour dire que parfois on ne s’y attend pas, que quelqu’un nous prend par surprise, mais que les retrouvailles ne nous sont pas toujours bénéfiques.
Ellinor s’était accoudée au cheval d’arçon, aux côtés de Terry, enfin, elle ne connaissait toujours pas son nom d’ailleurs. Elle observait attentivement la scène qui se déroulait devant elle, stupéfaite de la timidité du jeune homme. Sur le terrain les joueurs semblaient plus omnubilés par la blondinette que par leur jeu stupide, elle prenait d’ailleurs un malin plaisir à donner de faux espoirs à certains. C’était si amusant de les voir tous faire les beaux devant elle, comme un chien devant son maître. Si seulement elle pouvait se servir d’eux à des fins personnels, elle ferait une bonne affaire, tout un troupeau de mouton prêts à la servir, imaginez la chose…

Elle remarqua ses affaires encore éparpillées devant le panier de basket, elle baissa les bras, exaspérée de devoir s’introduire dans cette horde de babouins, rien que pour aller récupérer son sac. Elle soupira, jeta un coup d’œil à « Norman » qui continuait de discuter avec un ami de son père, et se lança dans l’aventure. Les mains dans les poches, un regard mesquin et un sourire narquois, elle s’avança jusqu’au panier de basket. Une grande partie des joueurs s’étaient arrêtés de s’échauffer et mâtaient la blondinette les frôler, dégoûtée de ces idiots. Elle n’aimait pas ces personnages, ils étaient trop stupides à ses yeux. Ils se ressemble tous, ont tous la même mentalité, n’attendent tous que la même chose de la part d’une fille, en l’occurrence les amener dans leur lit. Elle était à la fois gênée, mais aussi énervée de voir qu’elle faisait tant d’effet aux hommes. Elle aurait préféré passer inaperçue, être attirante par sa beauté intérieure et nous extérieure. C’était ça sa vie. Elle n’était jugée que par son physique affriolant, et jamais par sa juste valeur. Elle était en quelques sortes un objet aux yeux de tous les hommes, un objet que l’on s’échange, que l’on loue l’espace d’un soir. Elle n’avait eu qu’une relation amoureuse dans sa jeunesse, il y a peu de temps de ça. Il s’appelait Lilian, elle en était tombée folle amoureuse. Pour elle, s’était l’homme de sa vie, malheureusement, il l’a trahit. Depuis, l’amour n’existe plus pour elle, elle a déjà trop donné.
Elle s’accroupie devant le panier pour ramasser ses affaires et les ranger dans son sac. Derrière elle les basketteurs prenaient un malin plaisir à observer le spectacle. Il est vrai qu’une jeune fille en petite robe grise aussi belle qu’elle se n’était pas tous les jours qu’on en rencontrait. Ellinor fut surprise de se retrouver nez à nez avec chewbacca une deuxième fois, lorsqu’elle se leva brusquement.

« Tu sais que t’es pas mal dans ton genre ? J’adore les filles comme toi, qui ont du tempérament. Lui chuchota t-il à l’oreille.
- Mais tu sais ce qu’on dit : mieux vaut être seule que mal accompagnée. Ronchonna t-elle, devenant rouge pivoine.
- Ca ne t’a jamais tenté une petite ballade sur la plage au clair de lune, au bras d’un dieu du basket ?
- Non merci, j’ai déjà donné ; alors si tu pouvais me laisser le partir, ça t’éviterais de finir ton entraînement plié en deux de douleur, si tu vois ce que je veux dire… Ricana t-elle, énervée.
- Coriace la petite… »

Il n’eu pas le temps de terminer sa phrase que la « petite » avait gracieusement frappé les parties intimes du basketteur de son genoux frêle. Elle était fière d’elle, et pourtant, elle était contre la violence. Ses « parents » lui avait toujours interdit de parler aux inconnus, c’est ce qu’elle venait de faire, elle s’était tout simplement défendue devant une sangsue. Elle contourna le beau mâle, épiée par les autres joueurs qui s’enquirent déjà de ricaner mollement de la scène. Elle leurs envoya un petit baiser frénétique qui raisonna dans le gymnase. Il ne faut jamais sous estimer les blondinettes, encore moins les suédoises qui ont fait quelques jours de tôle. Son sac su l’épaule, elle rangeait son portable dans celui-ci, ne faisant plus attention à personne. Autour d’elle quelques garçons sifflaient, comme pour féliciter la blondinette. Elle ignora cette ovation, et se contenta de rejoindre tranquillement Terry, toujours accaparé par l’entraîneur. Il semblait nostalgique, comme si la remémoration de son père le perturbait. A vrai dire, l’entraîneur ne semblait pas très commode, et commençait déjà à convaincre le jeune homme de rejoindre l’équipe. Elle sauta d’un bond sur le cheval d’arçon, afin d’être confortablement installée pour écouter leur conversation. Ce n’était pas très polie d’écouter aux portes, mais après tout, elle avait assisté au début, alors autant connaître le fin mot de l’histoire.
Ses jambes se balançaient d’avant en arrière, et un sourire gentillé se dessinait sur ses lèvres veloutées. Elle semblait très intéressée par la réponse qu’allait donner Terry, allait-il se jeter sur l’occasion tel un garçon assoiffé de gloire, ou refuser sèchement cette proposition alléchante ? Il refusa, tout bonnement. Très vite l’entraîneur revint à l’attaque, mais Norman rechigna. Elle fut tout simplement étonnée de sa réplique. Il l’avait d’abord froidement rejetée, puis venait presque de lui « ordonner » de s’en aller avec lui. Elle avait bon dos la petite. Se servait-il d’elle pour échapper aux griffes acérées de cet entraîneur familier ou souhaitait t-il réellement passer un peu de temps avec lui ? Vu le regard qu’il posa sur elle, elle fut bien vite déçue de comprendre qu’il l’appelait au secours. Elle effaça sa déception par un petit sourire rayonnant et descendit allègrement de son cheval d’arçon.

« Vous feriez mieux d’aller jeter un coup d’œil à l’un de vos joueurs, je crois qu’il est mal en point. »

S’exclama t-elle joyeusement à la pensée du jeune homme couché par terre. Il est vrai qu’elle n’y était pas allée de main morte, mais c’est comme ça que sa se passe avec elle, elle ne prend pas de pincettes. Elle jeta un coup d’œil à Terry qui semblait déjà en de bonne voix pour partir vers la sortie du gymnase. Elle lui fit signe de l’attendre un instant, et trottina jusqu’à chewbacca, qui se remettait petit à petit de sa douleur. Elle s’accroupie devant l’épave, et prit une petite voix coquine.

« J’espère que ça t’a plu, les hommes adorent quand je les taquine. »

Elle lui déposa un petit baiser au coin de la lèvre, un baiser ironique mais avec comme but de déstabiliser le joueur. Elle adorait jouer à ce vilain jeu avec ses victimes, se faisant un plaisir de se payer leurs têtes. Elle se releva énergiquement, et rejoint à grand pas Norman qui observait la scène depuis la porte. Elle lui fit un petit sourire innocent, la tête penchée sur le côté, comme si elle n’était qu’une enfant venant de faire une bêtise. Elle poussa violemment la porte à deux battants, et se retrouva de l’autre côté, attendant le jeune homme. Que d’aventures en quelques minutes, qu’allaient-ils faire maintenant ? Allaient-ils se séparer et faire comme si de rien était, ou peut-être se donner rendez-vous un de ces quatre comme deux connaissances ?

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